CONSTIPATION

LA CONSTIPATION
« UN SYMPTÔME TROP SOUVENT BANALISE »

 

Longtemps considéré comme une fatalité la constipation ne doit pas être négligée.
Une meilleure connaissance du fonctionnement de l’intestin a permis de réaliser de réels progrès dans la prise en charge de cette affection chronique qui altère gravement la qualité de vie des patients qui en sont atteints.

La constipation concerne à peu près 20% de la population générale, 3 fois plus de femmes que d’hommes et son traitement pose un réel problème d’automédication.
En effet 53% des patients constipés n’ont jamais consulté. Chaque jour des milliers de laxatifs, comprimés, poudre, tisane sont consommés sous le conseil d’un médecin ou d’un pharmacien.
Ces patients se mettent inutilement en danger et de plus les 2/3 ne sont pas satisfaits du résultat.

La constipation : une question de transit, mais pas seulement

La constipation reconnaît deux principaux mécanismes qui sont les troubles de la progression et les troubles de l’évacuation.
Les troubles de la progression expliquent ce que l’on appelle la constipation de transit. Le ralentissement du transit colique concerne tous les secteurs du côlon (côlon droit, côlon gauche ou rectosigmoïde). Un transit trop lent va avoir pour effet de dessécher les selles qui seront donc plus dures et plus difficiles à évacuer. La fréquence des selles va donc diminuer et souvent se réduire à moins de 3 selles par semaine.

La constipation distale : un problème d’exonération

Les troubles de l’évacuation sont consécutifs à des anomalies de la fonction d’exonération.
Ce type de constipation concerne 25 à 30 % des patients.

C’est le rectum, partie terminale de l’intestin qui envoie au cerveau le signal du besoin à aller à la selle. Plus précisément c’est la distension des parois du rectum par l’arrivée des matières fécales qui provoque cette sensation et ce réflexe d’exonération. Il va permettre le relâchement et l’ouverture du canal anal, provoquer la poussée abdominale et la vidange du rectum.
Mais ces mécanismes complexes et bien coordonnés ne sont pas toujours opérationnels et efficaces. On parle alors de constipation distale ou terminale puisque la cause se situe tout au bout du tube digestif. On parle aussi de dyschésie en terme plus savant.

Comment repérer une constipation distale ou terminale ?

En pratique elle se traduit par :
• Des difficultés à l’exonération avec des sensations de blocage ou de vidange incomplète du rectum
• Une exonération anormalement longue ou en plusieurs temps
• Des poussées intenses et prolongées
• Des manœuvres digitales ou des positions particulières pour pouvoir se soulager
• Des difficultés à l’essuyage avec l’utilisation d’une grande quantité de papier toilette
• Des salissures sur les sous vêtements

Elle peut s’aggraver par des complications loco régionales :
hémorroïdes, fissures anales , extériorisation d’une partie du rectum au moment de la poussée ( prolapsus)…

Pourquoi souffre t-on d’une constipation distale ou terminale ?

Il peut s’agir d’une anomalie du fonctionnement des sphincters du canal anal qui se relâchent mal ou se coordonnent mal, d’une perte de la sensibilité de la paroi rectale ou d’un relâchement des muscles de soutien des organes pelviens (vessie, utérus, rectum) qui constituent le périnée.
Ces pathologies périnéales concernent plus particulièrement les femmes qui sont exposées aux traumatismes de l’accouchement.

Que peut- on faire pour traiter une constipation distale ?

Des mesures d’hygiène de vie sont recommandées avant tout. Elles doivent être adaptées de façon individuelle :
• Réapprendre à bien manger en augmentant les aliments riches en fibres. Les sources principales sont les céréales, les légumes verts, les fruits …
• Boire suffisamment
• S’astreindre à une activité physique régulière
• Respecter la sensation de besoin d’aller à la selle

Si ce n’est pas suffisant il faut :
• Améliorer la quantité des selles pour les rendre plus faciles à évacuer avec des laxatifs oraux non irritants (mucilages par exemple)

• Utiliser des traitements exonérateurs locaux qui reproduisent les mécanismes de déclenchement de la selle en augmentant la pression sur la paroi rectale (suppositoire à dégagement gazeux).

• Plus exceptionnellement le médecin pourra proposer une rééducation du reflexe exonérateur que l’on appelle biofeedback.

Trop souvent ignorée et mal prise en charge la constipation d’exonération dite distale ou terminale appelée aussi dyschésie ne doit pas être banalisée.
Elle est invalidante pour les patients qui en souffrent et les efforts de poussées qu’elle entraîne peuvent aboutir à des atteintes du périnée et conduire à des phénomènes d’incontinence des selles.
C’est d’autant plus regrettable qu’il existe des traitements efficaces et que sa prise en charge a fait l’objet de recommandations de la part des meilleurs spécialistes du sujet.


Docteur Bernard Savarieau - Hépato-Gastro-Entérologue

INS-WEB11-2204-v1

HAUT